1,6 %. Ce chiffre, loin d’être anodin ou abstrait, va changer le visage de la feuille de pension de millions de retraités dès novembre 2024. Pourtant, derrière cette hausse, une réalité complexe s’organise : 2025 ne ressemblera pas à l’année précédente, ni pour tous, ni sur tous les plans.
La revalorisation annuelle des pensions ne sera pas uniforme pour tous en 2025. Le montant de l’augmentation dépendra du régime auquel on est affilié, du type de prélèvements sociaux appliqués et des règles spécifiques propres à chaque caisse. Cette mécanique différenciée, loin d’être anodine, influe directement sur la réalité du portefeuille des retraités.
Autre élément à surveiller : le calendrier des augmentations varie sensiblement entre la retraite de base et les retraites complémentaires. Résultat : les conséquences sur le pouvoir d’achat ne seront pas les mêmes pour tout le monde. À cela s’ajoutent des exceptions, minimas sociaux, plafonds de ressources, qui viennent encore modifier la situation de certains bénéficiaires. Chacun devra donc composer avec une équation qui lui est propre, selon sa situation personnelle.
Ce qui attend les retraités en 2025 : hausse des pensions et contexte économique
La revalorisation des pensions s’inscrit dans un objectif précis : permettre aux retraités de ne pas perdre de terrain face à l’inflation. Cette indexation automatique, calée sur l’évolution de l’indice des prix à la consommation hors tabac (calculé par l’INSEE), reste le principal rempart contre l’érosion du pouvoir d’achat. En 2025, la retraite de base augmentera de 2,2 % dès le 1er janvier, reflet d’une inflation contenue sur l’année 2024. Côté complémentaires, la revalorisation Agirc-Arrco atteindra 1,6 % au 1er novembre 2024, avec une possible nouvelle hausse, comprise entre 0,5 % et 1 %, prévue pour l’automne suivant.
Dans l’univers feutré des lois budgétaires, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 avait envisagé de décaler la revalorisation au 1er juillet. Tollé immédiat de la CFDT Retraités, qui a refusé tout report ou désindexation. Après une motion de censure, le gouvernement a dû reculer : la hausse sera bien appliquée en janvier. Pour beaucoup de retraités, ce maintien du calendrier évite un trou d’air financier, alors que les dépenses contraintes, logement, énergie, soins, grignotent chaque mois un peu plus le budget.
Ce mécanisme n’est pas laissé sans surveillance : syndicats et associations restent en alerte sur la question du rythme des revalorisations, guettant toute évolution de l’inflation et de la situation budgétaire. Si la protection contre l’inflation existe, elle ne gomme pas pour autant les différences entre régimes ni les choix de chaque caisse.
Pour illustrer les évolutions prévues, voici les principales hausses annoncées :
- Retraite de base : +2,2 % au 1er janvier 2025
- Retraite complémentaire Agirc-Arrco : +1,6 % au 1er novembre 2024
- Retraite complémentaire RCI : +0,6 % au 1er janvier 2025
Un point d’attention particulier concerne l’Agirc-Arrco. Le taux d’indexation est calculé à partir de l’inflation hors tabac, à laquelle on retire 0,4 point, conformément à l’accord interprofessionnel d’octobre 2023. Ce mode de calcul, réajusté chaque année, permet d’adapter la hausse au contexte économique et aux capacités de financement des caisses.
Retraite de base et retraite complémentaire : quelles différences dans la revalorisation ?
Retraite de base et complémentaire ne jouent pas dans la même cour dès qu’il s’agit de revalorisation. La première, gérée par la CNAV pour les salariés du privé ou la MSA pour les agriculteurs, applique une hausse automatique, chaque 1er janvier, alignée sur l’inflation mesurée par l’INSEE. Pour 2025, ce sera donc +2,2 %, sans qu’aucune démarche ne soit à effectuer. La règle est simple et connue : la hausse est inscrite dans la loi.
La retraite complémentaire Agirc-Arrco, elle, fonctionne autrement. Le conseil d’administration fixe chaque année le taux de revalorisation, en tenant compte de l’inflation mais aussi d’un abattement de 0,4 point (prévu par l’accord national interprofessionnel d’octobre 2023). Résultat : la hausse 2024-2025 sera de +1,6 % à compter du 1er novembre, avec une estimation prudente pour novembre 2025 qui devrait se situer entre 0,5 % et 1 %. À noter que certaines complémentaires, CARMF ou Cipav, n’appliqueront aucune revalorisation cette année.
Tour d’horizon des principaux ajustements, pour s’y retrouver :
- Retraite de base : +2,2 % au 1er janvier 2025 (CNAV, MSA, CNRACL)
- Agirc-Arrco : +1,6 % au 1er novembre 2024, puis nouvelle hausse attendue à l’automne 2025
- RCI : +0,6 % au 1er janvier 2025
- CARMF, Cipav : pas de revalorisation prévue en 2025
Outre le taux, c’est aussi le calendrier et la méthode qui diffèrent. Les caisses complémentaires, pilotées par les partenaires sociaux, ajustent le paramètre de revalorisation en fonction de la santé financière du régime et de la conjoncture. Ce suivi rapproché de l’inflation et du contexte macroéconomique conditionne chaque année l’effort consenti.
À quelle date et pour quels montants les augmentations seront-elles appliquées ?
Chaque régime de retraite a son propre calendrier. Pour la retraite de base, l’augmentation sera visible sur le versement de janvier 2025. Tous les bénéficiaires, y compris ceux qui touchent une petite retraite ou une pension de réversion, profiteront ainsi d’une hausse de +2,2 %, calculée sur la base de l’inflation publiée par l’INSEE. Quant à l’ASPA (minimum vieillesse), son montant grimpera à 1 034,28 € par mois pour une personne seule, consolidant le rôle de filet de sécurité pour les plus modestes.
Pour la retraite complémentaire Agirc-Arrco, l’augmentation interviendra plus tard : +1,6 % à partir de novembre 2024. Les retraités du privé verront donc leur pension ajustée lors du versement de ce mois-là. Une nouvelle réévaluation, comprise entre 0,5 % et 1 %, devrait suivre à l’automne 2025, sous réserve de confirmation lors du prochain conseil d’administration.
La situation est un peu différente pour d’autres complémentaires. Les anciens commerçants et industriels relevant du RCI bénéficieront d’une hausse de +0,6 % au 1er janvier 2025. En revanche, les affiliés à la CARMF ou à la Cipav ne verront aucun changement cette année.
Pour clarifier, voici les dates et les montants à retenir :
- Retraite de base : +2,2 % dès janvier 2025
- Agirc-Arrco : +1,6 % à compter de novembre 2024
- RCI : +0,6 % dès janvier 2025
- ASPA : 1 034,28 € par mois en 2025
Pour les petites pensions et les pensions de réversion, la règle est simple : l’augmentation suit la même cadence que la retraite de base, et le versement revalorisé arrive sans qu’aucune démarche ne soit nécessaire de la part du bénéficiaire.
Impact des prélèvements sociaux : ce que vous toucherez réellement et conséquences sur le pouvoir d’achat
La hausse annoncée des pensions ne se traduit pas forcément, à l’euro près, dans le montant réellement perçu. Trois prélèvements sociaux, CSG, CRDS, CASA, viennent s’appliquer sur la pension brute. Leur impact dépend du niveau de ressources : la CSG, par exemple, varie de 0 % à 8,3 %. La CRDS, à 0,5 %, concerne la majorité des pensions, tandis que la CASA s’ajoute à hauteur de 0,3 % pour financer la perte d’autonomie.
Selon le revenu fiscal de référence, les retraités sont classés dans l’un des quatre profils : exonération totale, taux réduit, taux médian ou taux plein. À chaque cas, un net différent. Pour les petites pensions, exonérées de CSG, la revalorisation est pleinement ressentie. Mais pour les autres, la hausse peut parfois les faire basculer dans une tranche supérieure, entraînant mécaniquement une ponction plus forte.
Voici un rappel synthétique des principaux taux de prélèvements sociaux appliqués :
- CSG : de 0 % à 8,3 % selon le revenu
- CRDS : 0,5 %
- CASA : 0,3 %
Si la revalorisation vise à soutenir le pouvoir d’achat, la mécanique des prélèvements sociaux en rogne parfois les effets attendus. Certains retraités verront leur pension nette progresser plus modestement que les montants annoncés. Pour ceux qui frôlent un seuil, une hausse minime peut suffire à faire passer dans une tranche de prélèvement supérieure et ainsi, limiter l’effet bénéfique de la revalorisation. La prudence reste donc de mise pour anticiper l’impact réel sur le budget du mois.
2025 s’annonce comme une année de vigilance et d’attentes. Pour les retraités, l’enjeu n’est pas seulement la hausse du chiffre sur leur relevé, mais la capacité à préserver leur équilibre face à des dépenses qui, elles, ne font jamais de pause.


