L’exonération totale des droits de succession entre époux, instaurée en 2007, ne supprime pas toutes les obligations fiscales lors d’un décès. Certaines dettes ou frais peuvent encore incomber au conjoint survivant, malgré l’absence d’imposition sur la part recueillie.
La position du conjoint non marié, pacsé ou divorcé diffère radicalement devant l’administration fiscale. Les règles d’attribution du patrimoine, le calcul éventuel des droits à payer et les démarches à effectuer varient selon le statut et la composition de la famille. L’ensemble des héritiers reste solidaire du paiement des éventuelles dettes successorales.
Le conjoint survivant face à la succession : droits et protections en France
En France, le conjoint survivant bénéficie d’un statut unique dans le processus de succession. Les évolutions du code civil lui garantissent une protection renforcée, même si des héritiers réservataires, comme les enfants, sont présents. L’époux ou l’épouse, tant qu’aucun divorce n’a été prononcé, peut toucher une portion de l’héritage qui fluctue selon la composition familiale.
La part attribuée varie selon la situation : en présence d’enfants communs, le conjoint survivant a le choix entre l’usufruit de l’ensemble des biens ou la pleine propriété d’un quart du patrimoine. Sans descendants, la part s’élargit : si le défunt n’a ni ascendants ni frères et sœurs, le conjoint peut recevoir la totalité de la succession. Ce cadre légal s’accompagne de dispositifs complémentaires :
- Droit viager au logement : le conjoint survivant peut conserver l’usage de la résidence principale et de son mobilier pour le reste de ses jours, sauf volonté contraire exprimée dans un testament.
- Donation entre époux : cette disposition permet d’augmenter la part du conjoint, offrant davantage de flexibilité, notamment sur la quotité disponible.
Les garanties accordées au conjoint survivant reposent sur des règles précises. Pour choisir entre nue-propriété et usufruit, l’accompagnement du notaire s’avère indispensable. Testament ou donation entre époux : ces outils personnalisent la transmission selon les souhaits du défunt et les besoins du survivant.
En cas de famille recomposée, d’enfants issus d’une précédente union ou de biens propres, la répartition se complique. Anticiper et sécuriser les droits du conjoint survivant, c’est aussi prévenir les rivalités ou les contestations futures entre héritiers.
Quels impôts et frais lors d’un héritage entre époux ?
En matière de succession, le conjoint survivant relève en France d’un régime tout à fait particulier. Depuis 2007, la loi écarte purement et simplement les droits de succession entre époux. Résultat : aucune imposition sur la part recueillie, quelle que soit sa valeur. Ce privilège s’étend au partenaire de PACS, mais il écarte le concubin, qui reste soumis aux règles fiscales classiques, sans abattement particulier.
La déclaration auprès de l’administration fiscale reste toutefois incontournable, même sans impôt à payer. Elle doit être déposée dans les six mois suivant le décès. Le notaire joue alors un rôle pivot : il établit l’acte de notoriété, évalue le patrimoine à transmettre et guide le conjoint dans ses démarches. À cela s’ajoutent les frais de notaire, calculés sur la valeur des biens transmis, ainsi que des frais de formalités. Comptez généralement entre 1 et 2 % de la valeur de la succession pour ces honoraires, la nature des biens pouvant faire varier cette estimation.
| Héritier | Droits de succession | Abattement |
|---|---|---|
| Conjoint survivant | Exonération totale | Non applicable |
| Partenaire de PACS | Exonération totale | Non applicable |
| Concubin | 60 % | 1 594 € |
Hériter de son époux ou de sa partenaire de PACS ne signifie pas absence de frais. Outre les démarches et les formalités, il faut parfois faire face au règlement des dettes du défunt et aux frais de gestion du patrimoine. Les droits de mutation à titre gratuit sont effacés pour le conjoint ou le partenaire de PACS, mais ils restent d’actualité pour les autres héritiers.
Calcul des droits de succession : ce que le conjoint doit savoir
Dès qu’une succession s’ouvre, le notaire effectue l’inventaire du patrimoine du défunt. Il évalue l’actif brut successoral : biens immobiliers, comptes bancaires, placements, meubles, véhicules. À cette somme, il retire les dettes potentielles pour établir l’actif net successoral. Selon la présence d’enfants, la rédaction d’un testament ou l’existence d’une donation entre époux, la part du conjoint survivant est déterminée, qu’il soit marié sous le régime de la communauté ou de la séparation de biens.
En l’absence de descendants, le conjoint perçoit tout. Si des enfants sont en vie, il choisit : usufruit universel ou part en pleine propriété. La quotité disponible n’est pas la même pour tous : la loi protège une part minimale pour les enfants (les fameux héritiers réservataires). Le conjoint ne peut donc pas tout recevoir si une descendance existe, sauf organisation particulière.
La réforme de 2007 a radicalement changé la donne : le conjoint survivant bénéficie d’une exonération totale des droits de succession. Aucun abattement à calculer : la part recueillie est totalement libre d’impôt, sans limite de montant. Malgré tout, la déclaration de succession doit être déposée dans les délais auprès des services fiscaux.
Certaines situations échappent à la règle générale. Les capitaux issus d’une assurance vie souscrite après 70 ans peuvent donner lieu à une fiscalité spécifique au-delà d’un certain montant. Autre exemple : la transmission de parts de SCI ou une succession avec démembrement de propriété compliquent le calcul des droits, notamment pour les autres héritiers.
Le conjoint survivant conserve un droit viager au logement : s’il occupait le bien à titre de résidence principale, il peut en conserver la jouissance gratuitement jusqu’à la fin de sa vie, à condition d’en faire la demande dans l’année suivant le décès.
Solutions en cas de difficulté pour régler les droits de succession
Payer les droits de succession peut devenir un vrai casse-tête, surtout lorsque les héritiers, enfants ou légataires, n’ont pas les liquidités nécessaires. Plusieurs alternatives existent pour alléger cette charge et maintenir la protection du conjoint survivant, tout en préservant l’équilibre entre héritiers.
Voici les principales options dont peuvent bénéficier les héritiers en difficulté :
- Le paiement fractionné permet d’étaler le règlement des droits sur plusieurs mois, parfois jusqu’à un an, voire plus en cas de motif légitime. L’administration fiscale établit un calendrier de versements, avec intérêts. Cette solution s’adresse surtout aux successions composées principalement de biens immobiliers ou de parts de SCI, qui ne se vendent pas du jour au lendemain.
- Le paiement différé concerne les successions où figurent des nues-propriétés ou des usufruits. L’héritier, nu-propriétaire par exemple, peut reporter le paiement des droits jusqu’au décès de l’usufruitier. L’État ne prélève ses droits qu’au moment où la pleine propriété est transmise. Ce dispositif protège notamment le conjoint survivant bénéficiaire d’un usufruit.
- La dation en paiement : bien que rare, cette procédure autorise le règlement des droits en remettant à l’État des œuvres d’art, des biens immobiliers ou des objets de valeur, sous réserve de son accord. Elle nécessite l’intervention d’experts, et parfois du juge, pour valider la transaction.
En cas de conflit ou de situation complexe, il est possible de saisir le juge des contentieux de la protection. Ce recours permet de demander des délais supplémentaires ou de faire valoir la situation particulière d’un héritier, notamment lorsqu’il s’agit du conjoint survivant ou d’un héritier en difficulté. L’administration fiscale, le notaire et parfois la justice composent alors le trio qui façonnera, au cas par cas, la suite de la transmission.
La succession ne se joue jamais sur un seul coup de dés. Derrière chaque héritage, des histoires familiales et des choix de vie se croisent. Anticiper, dialoguer, s’entourer des bons conseils : autant de réflexes qui transforment l’épreuve de la transmission en passage maîtrisé, où chaque droit trouve sa place.


